COCOTIERS

Kim Leng Ung, issu d’un Cambodge marqué par l’histoire tragique des Khmers rouges et par la destruction culturelle, semble interroger ici la survie de la mémoire et de la nature. Les arbres aux formes irréelles, surgissent comme des symboles de résistance et de transformation.

Dans cette œuvre sur bois, enrichie de papier doré, d’encre, de fusain, d’acrylique et de collages, Kim Leng Ung fait dialoguer la mémoire de la destruction et la force vitale de la nature. Trois arbres stylisés, rouge, bleu et bleu foncé, se dressent au premier plan. Leurs silhouettes vigoureuses, ponctuées de fruits et de feuilles colorées, contrastent avec les arbres fantomatiques qui se perdent à l’arrière-plan, réduits à des ombres ocres et noires.

Les coulures et éclaboussures qui envahissent le fond traduisent un monde marqué par le chaos, la brûlure ou la pluie, mais le papier doré laisse affleurer une lumière qui rappelle une dimension presque sacrée. Par l’usage du collage, l’artiste introduit des rythmes et des textures qui enrichissent la composition et soulignent la diversité du vivant.

Cette toile témoigne d’un double mouvement : la persistance de la mémoire d’un Cambodge meurtri et la célébration de la résilience, où la nature devient métaphore de la survie humaine. Comme chez  d’autres artistes contemporains asiatiques qui interrogent la mémoire et le rapport à la terre, Kim Leng Ung propose une vision singulière : celle d’un monde où la beauté éclot au cœur même de la cicatrice.